❞ Donc le poète est vraiment voleur de feu. Il est chargé de l’humanité, des animaux même ; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu’il rapporte de là-bas a forme, il donne forme : si c’est informe, il donne de l’informe. Trouver une langue (...) Du reste, toute parole étant idée, le temps d’un langage universel viendra ! (...) Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant. Le poète définirait la quantité d’inconnu s’éveillant en son temps dans l’âme universelle : il donnerait plus
Je crois en cette vision de la poésie et de l’art, et d’autant plus dans notre société actuelle, qui ne laisse plus au langage qu’une capacité d’échange et de communication basiques. La parole, les mots ne sont plus que la peau, l’extérieur d’un corps. Le squelette, les organes, les muscles – l’essentiel du langage – tout cela a disparu. On entend aussi que la poésie peut être difficile d’accès : en réalité elle est souvent non valorisée, ou mal considérée. La poésie n’est pourtant pas un concept intellectuel, abstrait et lointain, ni une forme désuète, ni de la joliesse, la poésie est acte et chair. Je crois en son pouvoir, réel, d’action et en sa capacité de ré-enchanter le monde. La poésie a un pouvoir d’action, qui appelle par conséquent une réaction du spectateur. Cette réaction est ce que je recherche, je souhaite que le spectateur ne soit pas un consommateur passif, mais qu’il soit actif, par l’imaginaire, et même par une réaction physique, émotive. Ce n’est qu’à la croisée des chemins entre celui proposé par l’artiste et celui parcouru par le spectateur de lui-même qu’il peut y avoir un échange humain, et donc de l’art. Pour cela, je cherche la suggestion, l’implicite, ce qui est caché pour que le spectateur ait le désir de dévoiler lui-même ce qui est voilé.
Concernant la forme. La musicalité du texte, et mon souhait de faire entendre les différents sens du texte à chaque spectateur m’ont poussé à travailler avec trois acteurs et actrice, qui prennent en charge trois voix distinctes qui pourraient être les trois principaux thèmes d’Une saison en enfer : Le spirituel, la révolte, et le rêve. Cette idée nous a amené à explorer le texte de Rimbaud comme une fugue à trois voix de Bach avec des contrepoints et nous avons mis au point un texte-partition pour rendre compte au mieux du dialogue interne de Rimbaud. Et pour rendre compte de son âme tourmentée (et de chacun.e d’entre nous), nous avons rajouté au texte original les brouillons d’Une saison en enfer.
Mise en scène & adaptation
Comédien.ne.s
Voix 1 (Le rêve) – Lucie Brandsma
Voix 2 (La révolte) – Robin Goupil
Voix 3 (Le spirituel) – Loris Verrecchia
Composition
Costumes
Hollie Barrett
Odélia Rabusseau
Lumière
Adrien Guitton et Sarah Schneider
Scénographie